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Nourrir ses 7 faims

1 septembre 2020

« Quand tu as faim, mange » dicton zen.
Ce dicton semble bien simple, mais qu’en est-il en réalité? La nourriture sert à beaucoup d’autres choses qu’à apaiser la faim : se calmer, se distraire, se divertir, s’échapper, se faire plaisir, se récompenser …
Ce qui fait que l’envie de manger peut venir de différents besoins en réalité. Ces différents besoins peuvent être perçues comme différentes sortes de faim qui influencent notre façon de manger.

Quel est le son de la faim ? Quel est le gout de la faim ? Ou dans le corps la faim se manifeste-t-elle ? Comment la faim survient-elle ? C’est ce que la pleine conscience nous propose de découvrir.
La pleine conscience est une expression désignant une attitude d’attention, de présence et de conscience vigilante, qui peut être interne (sensations, pensées, émotions, actions, motivations, etc. ) ou externe (au monde environnant, bruits, objets, événements, etc.)

L’approche de l’alimentation en pleine conscience définie 7 différentes faims.
Elles se traduisent en expériences concrètes, par des sensations, des pensées et des émotions propres à chacune de ces faims. Nous avons différents besoins pour une faim ou une autre selon notre humeur et notre personnalité.
Parmi ces différentes faims, certaines n’ont rien à voir avec un besoin physiologique de nourriture mais elles vont être soulagées par la prise de nourriture. Ces faims « non physiologiques » peuvent être soulagées par de la nourriture mais aussi par d’autres moyens.
C’est là où la connaissance et la découverte de soi, par la pleine conscience ou d’autres moyens, va avoir un grand rôle à jouer. Elle va nous permettre de distinguer ces différentes expériences de faim et de répondre adéquatement à chacune d’elles.

La faim des yeux

Parfois, les yeux tombent sous le charme d’une magnifique présentation. Même si l’estomac proteste ou n’a pas donné de signe de faim, les yeux se laissent charmés.
Une simple photo peut donner faim. Cette faim est souvent utilisée dans les publicités afin de maximiser l’impact visuel d’un plat. Nos yeux disent « c’est de ça dont j’ai faim ».

Nous sommes régulièrement trompés par nos yeux Les études montrent qu’un aliment présenté dans une plus grande assiette par exemple nous poussera à en consommer plus. Les colorants sont souvent ajoutés dans des produits afin de nous les faire acheter.
La faim des yeux arrive à convaincre l’esprit d’ignorer les signaux de satiété. Mais en fait, si on se pose et ressentons cette faim : elle est satisfaite par la beauté. Nous pouvons nourrir cette faim en se reconnectant à ce moment. Regarder ce qu’il y a autour de nous avec une curiosité nouvelle.
Nous pouvons en réalité « Manger des yeux » nos belles assiettes.

La faim du nez

Le gout d’un aliment est majoritairement constitué par son odeur. Le reste c’est la saveur (sucré, salé, gras, l’unani, l’acide, l’amer) et la texture (dur, mou, croquant…).
Quand on perd l’odorat, nous pouvons constater les limites de ces saveurs et de ces textures face à toute la subtilité des odeurs … Nous arrivons à reconnaître 10 000 odeurs et c’est ce qui fait en grande partie notre plaisir à manger.

Les commerçants sont très conscients du pouvoir de l’odorat sur notre consommation et il y a de plus en plus de marketing olfactif. Cela peut être aux abords des boulangeries, des pizzerias, des rayons fruits et légumes mais aussi dans d’autres magasins : l’odeur de neuf ou l’odeur de propre qui vont faciliter un achat …

Vous pouvez prendre l’habitude de sentir vos plats, les humer profondément, avant de les manger (à éviter en compagnie de convives) et continuer tout au long de la dégustation à sentir les sensations, les odeurs et les saveurs du plat.

cookie pacman

La faim de la bouche

C’est l’envie qu’à la bouche d’éprouver des sensations agréables. Une sensation agréable dans la bouche varie d’une personne à l’autre : épicé, sucré, salé, texture. Cela dépend de vos habitudes, de votre éducation culinaire, de votre culture, de vos goûts…

Les industriels de l’agroalimentaire savent bien ce qui ravie notre bouche : des produits sucrés, salés et gras… Notre bouche est une accro des sensations, elle n’aspire qu’à être nourrie avec différentes saveurs, odeurs, textures. Elle s’ennuie facilement à mesure que l’on mâche notre bouchée. Elle s’habitue à être constamment stimulée et si on ne fait pas attention, elle finit par s’ennuyer quand elle est vide.

Pour nourrir pleinement notre bouche, ce n’est pas forcément de saveurs intenses dont nous avons besoin, mais de notre présence et de notre conscience au moment où on mange. Pour que l’acte de manger procure satisfaction, notre esprit doit être présent à ce qu’il se passe dans notre bouche, à la mastication et au changement des saveurs.

La faim de l’estomac

Savez-vous quels signaux vous lance votre estomac quand il a faim ? cela peut être des sensations de resserrement, ou de vide qui demande à être rempli. Cette sensation est souvent décrite comme désagréable, c’est d’ailleurs ce qui nous pousse à manger depuis des millions d’années.
La faim de l’estomac n’est pas à confondre avec la faim du corps. C’est nous qui lui disons quand avoir faim, en lien avec nos habitudes alimentaires. Dès que nous changeons l’horaire auquel nous l’avons habitué, il va se mettre à gargouiller. La faim de l’estomac n’est pas un besoin impératif, mais un signal que l’horaire habituel du repas approche. L’anxiété peut aussi réveiller cette faim.

Il nous arrive souvent de confondre la faim de l’estomac avec la faim du corps. Il ne s’agit pas d’ignorer totalement la faim de l’estomac, elle est souvent un bon indicateur de la faim du corps. Il faut trouver le juste milieu, être conscient de la faim de l’ensemble du corps et non pas seulement celle de l’estomac.
En étant à l’écoute de vos sensations au niveau de l’estomac et en les ressentant pleinement tout au long de la journée, vous pouvez apprendre à reconnaître quand votre estomac est plein, moitié plein ou vide. Quels sont les sensations quand avez vous faim ? quand êtes vous repu ? quand vous avez trop mangé ?

La faim du corps

C’est la faim dite « physiologique », notre faim la plus fondamentale. C’est notre corps qui demande à être nourri. Elle survient lorsque nos réserves d’énergies sont basses et que nos cellules exigent du carburant.

Si on arrivait à la percevoir et ne suivions que cette faim, notre vie serait beaucoup plus simple. Nous mangerions seulement quand nous avons faim, uniquement des aliments nécessaires à notre corps et nous pourrions nous arrêter dès que nous arrivons à satiété.

Ce qui satisfait la faim du corps, ce sont les micros et macros-nutriments contenus dans les aliments. Les exercices d’alimentation en pleine conscience et l’alimentation intuitive tentent de nous reconnecter à cette faim autant que possible.

La faim de l’esprit

Cette faim à son origine dans les pensées : « je devrais manger plus de ceci,  je devrais manger moins de cela » ; « cet aliment est bon pour la santé, celui-là est mauvais », « je devrais manger plus car je pourrais manquer plus tard ».
Cette faim se fonde sur des absolus et des opposés, sur des croyances et des présupposés. La recherche dans le domaine de la nutrition est longue et difficile. Les consensus dans ce domaine sont rares mais existent. Les premières pages de tabloïds font malheureusement rarement dans la demi-mesure, et sont souvent très culpabilisantes.
Ce rapport à l’alimentation plein d’interdits et de règles nous rend anxieux et nous perdons la capacité à écouter notre corps et ses besoins tant émotionnels que physiques.

cœur en gaufre

La faim du cœur

Cette faim a son origine dans les émotions : les aliments en eux-mêmes ne sont pas ce qui importe le plus, ce sont les émotions et les souvenirs auxquels ils sont rattachés.
Bien des gens sont conscient qu’ils mangent pour combler un vide non pas dans leur estomac mais dans leur cœur.
Certains plats sont réconfortants et nous nourrissent émotionnellement. Nos aliments réconfort sont souvent d’ailleurs associés à nos proches, à des moments de partages et d’amour.
Il nous arrive de manger pour changer nos émotions, pour les apaiser, pour nous distraire. La meilleure nourriture du monde ne nourrira pas la faim de notre cœur, car ce qui nourrit le cœur, c’est l’intimité partagée, la relation dans tout ce qu’elle a de plus impermanente. Tout change constamment, et vivre avec conscience ce qu’il se passe autour de nous permet de nourrir notre cœur.

La soif

La sensation de soif est proche de la faim. Lorsque votre bouche semble avoir faim, observez si elle n’a pas soif.

Conclusion

L’alimentation est source de plaisir, elle sollicite tous nos sens, nos émotions, nos croyances, nos habitudes. Les trois faims qui peuvent poser le plus problèmes sont la faim de la bouche, la faim du cœur et la faim de l’esprit.
Pour éviter de remplir trop vite et de façon automatique notre bouche pour fuir des émotions, nous devons étudier notre propre expérience avec ces différentes sortes de faim. Avant de croquer dans un bonbon ou dans une part de pizza ou même dans une feuille de laitue, je vous invite à vous questionner « quelle faim je nourri ?»

Mon objectif dans cet article est de vous inviter à vous reconnecter avec les différentes dimensions qui accompagnent l’acte de se nourrir : les sensations corporelles, les émotions, les pensées et les sens. Il suffit d’un petit changement, seulement quelques minutes par jour de pleine conscience au début du repas par exemple, pour commencer un grand changement et pour nourrir toutes ces faims.

Je peux vous accompagner à (re-)découvrir et à décrypter ses différentes faims à l’occasion d’une consultation, toutes les informations sur les modalités des prises en charges psycho-nutritionnelles sont sur le site.

NB : Cette façon de voir notre faim a le mérite d’illustrer nos sensations et émotions autour de l’acte de manger. Pour autant, notre corps ne sait pas toujours à 100% ce qui est meilleur pour nous à chaque repas pour peu que l’on se reconnecte à notre « faim du corps ». C’est pourquoi il existe des recherches dans le domaine de la nutrition et la santé avec des recommandations nutritionnelles adaptées aux différentes populations.
Pour que vous compreniez mieux là ou je veux en venir, je peux prendre mon exemple personnel : je déteste, depuis toute petite, tout ce qui peut avoir un gout iodé (poissons, fruit de mer et algues), pourtant les besoins humains sont de 150 microgrammes d’iode par jour. En connaissance de cause et pour nourrir aussi bien mon corps que pour satisfaire mon palais, je me complémente.

Bibliographie et pour aller plus loin :